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Archive for juin 2012

 Après l’hiver, après la neige, hommes et chevaux reprennent le chemin de l’écurie. Le temps des calèches est de retour à Montréal.

     La rumeur mate, friable des sabots déferrés résonnera à nouveau dans les écuries. Les cochers entendront cette parade piaffante et retourneront eux aussi au bercail, aigris, mal chaussés, sans le sou, le teint blafard et le pas traînant, accordé à celui des bêtes. On revient toujours à Griffintown, là où la rédemption est encore possible. On y meurt parfois aussi. Les bottes aux pieds, de préférence.

Paul, propriétaire d’une écurie à Griffintown, assisté de Billy, son palefrenier, prépare la nouvelle saison. Mais très rapidement, Paul disparaît:

Recherché: homme avec une seule botte, un tatouage de track de chemin de fer sur le bras gauche et peut-être un trou de balle dans le front. Mort ou vif. Rançon offerte $$$.

Avec ce roman, Marie Hélène Poitras nous transporte dans un vrai western à saveur urbaine. On pénètre dans l’univers des cow-boys, des écuries. On y rencontre des personnages « pockés » , des seuls au monde, des solitaires, des marginaux. Certains ont perdu leur dignité, d’autres tentent de la conserver ou de la retrouver. Découvrez les derniers soubresauts d’une époque révolue.

Griffintown, Marie Hélène Poitras, éd. Alto, c2012, 209 p.

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De sa ferme ontarienne, Morag Gunn nous raconte en flash-back,  son expérience de vie, ses amours, ses parents adoptifs, son enfance à Manawaka, son mariage trop avilissant, ses bonheurs, son amant Jules et sa fille Pique, et surtout sa passion, son refuge, l’écriture. C’est à l’aide de photographie que l’auteure nous replonge dans son passé : je garde ces photographies non pour ce qu’elles révèlent, mais pour ce qui demeure caché en elles.

«On pense toujours qu’on ne peut pas changer le passé…alors qu’on n’arrête pas de changer le passé, de le convoquer, de le revisiter. Qu’ai-je vraiment vécu ? Une question qui ne veut rien dire. Mais que je n’arrête pas de me poser, tout en sachant qu’il n’y a pas de réponse.» On pourrait facilement croire à un récit autobiographique, Morag Gunn auteure du roman  relatant l’histoire de Lilac Stonehouse quittant son village natal pour la grande ville. 

« C’est la pièce dans la pièce, le film dans le film, le roman dans le roman.»

Les devins, publié originalement en 74, cinquième et dernier roman du cycle de Manawaka, qui débuta avec L’ange de pierre en 1964, on retrouvait Hagar Shipley, Rachel Cameron dans Une divine plaisanterie publié en 1966, sa sœur Stacey dans Ta maison est en feu publié 69, et Vanessa Macleod dans Un oiseau dans la maison 1970.

Margaret Laurence demeure, de nos jours, l’auteure la plus lue au Canada, Les devins  lui a valu le prix du Gouverneur général en 74. Un roman complexe, un roman décrivant d’un regard lucide et sans fard plusieurs périodes charnières d’une femme à la recherche d’elle-même. On peut déceler une certaine ressemblance par l’écriture et les sujets traités d’une autre Manitobaine Gabrielle Roy. Les devins, mon préféré, un roman merveilleux, un roman d’autrefois, et évidemment comment oublier L’ange de pierre.

 

 

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 Suspicious River, Michigan, 1984. Leila, 24 ans, travaille comme réceptionniste au Swan Motel. Pour 60$ vous avez une chambre, pour 60$ de plus vous l’avez elle. Leila est coincée dans une vie sans envergure avec Rick, son mari. La prostitution la désennuie. C’est un moyen pour elle de sortir de son corps, trop petit pour elle, de se désincarner. Son quotidien nous est raconté avec des aller-retour dans son passée qui nous dévoile petit à petit sa pitoyable existence. Jusqu’au jour où elle tombe amoureuse d’un de ses « clients ». Elle entre alors dans une descente aux enfers, où elle devient de plus en plus insensible à ce qui se passe autour d’elle, côtoyant de près la folie.

Ceux qui me lisent à l’occasion, savent que j’aime bien, quand j’entreprends la lecture d’un nouvel auteur, le lire de façon chronologique. J’ai donc entrepris l’oeuvre de Laura Kasischke par le premier: A suspicious River. En surfant sur le net, j’ai pu constaté, d’après l’avis d’autres blogueurs, que tout en étant un bon roman, celui-ci n’est pas son meilleur. Pour ma part (n’ayant pas encore lu les autres) j’ai beaucoup apprécié ce roman. Ce n’est pas du tout un roman « hop la vie » vous l’aurez compris. Le drame et le désespoir sont au rendez-vous. L’écriture est formidable, la poésie omniprésente. C’est un auteur que je vais certainement revisiter!

A suspicious river, Laura Kasischke, éd. Points, 1999, c1996, 403 p.

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Béatrice Robin, auteure à succès, bien mariée, riche, vivant dans un des meilleurs pays du monde… se suicide. Béatrice a laissé un testament, pour notre narrateur, une ancienne flamme de Béatrice, un roman, lui-même auteur de quelques publications qu’il juge plus littéraires,  un lègue qui lui confie la tâche de peaufiner et de trouver une fin à cet énorme manuscrit intitulé Les fleurs de Terezin.

Je me demandais comment je pourrais m’embarquer dans cette galère. Je réservais à Béatrice une colère secrète : pourquoi donc avait-elle voulu me mêler à tout ça ? N’y avait-il pas une forme de mépris pour mes livres, pour ma personnalité, à me proposer un pareil travail de nègre ?

Les fleurs de Terezin, un roman qui commence par la découverte d’un cadavre. Le corps de Milan Koula, citoyen canadien d’origine tchécoslovaque, âgé de 41 ans, psychothérapeute, parfois journaliste, marié depuis un an à Éloïse Blanchard, arrivé au pays il y a neuf ans. L’homme a succombé à sept coups de poignard donnés principalement dans la cage thoracique.  Pas de trace de lutte. Aucune effraction.

Un roman qui commence avec la découverte d’un cadavre ! Combien s’en publie-t-il par année, de ces histoires qui appliquent les mêmes recettes ? Un cadavre, un détective, un crime à élucider.  Une enquête, des témoins qu’on interroge. Les invraisemblances qui s’accumulent, les mystères qui succèdent.  Le petit truc en fin de chapitre pour soutenir l’attention du lecteur. Et toujours révélé le plus tardivement possible, celui que l’on soupçonne le moins qui est le grand coupable. Et ça marche.  Les gens achètent, en redemandent…

De là, l’histoire de Béatrice, un amalgame de roman policier, du drame historique aux multiples facettes devient en alternance le roman du narrateur et également le nôtre, une certaine complicité s’installe entre l’auteur et le lecteur, ce dernier partage avec nous au « making of» du roman de la défunte.  De révolutionnaires felquistes, de prisonniers dans du camp de concentration, de trahisons, de nombreuses amantes. Plusieurs pistes s’ouvrent pour résoudre le mystère  et y trouver une conclusion plausible.

 Une véritable aubaine, un deux pour un, un récit captivant, sa construction des plus originale lui mérite sûrement la lecture. 

 

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