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Archive for the ‘Littérature canadienne’ Category

aminata

1745, Bayo, Afrique.

Aminata Diallo n’est qu’une enfant lorsqu’elle et d’autres personnes de son village sont kidnappées quelque part en Afrique. Aminata Diallo fille de Mamadou et de Sira. Emportée de l’autre côté de l’océan avec des milliers d’autres noirs, elle sera vendue comme esclave dans le sud des États-Unis. (Les treize colonies à cette époque).

C’est son destin d’esclave qu’Aminata nous raconte. Sa vie de femme aussi. Sa grande intelligence et sa vivacité seront vite remarquées. Elle sera donc éduquée, bien plus éduquée que la plupart des gens de son époque, noirs et blancs confondus. Éduquée oui, mais trahie aussi de multiples fois…

C’est le pan d’une époque que Lawrence Hill retrace ici pour nous. La déportation massive de ce peuple déraciné, par des blancs avides de pouvoirs et insensibles à l’humanité. L’auteur relate avec sensibilité à travers le récit d’Aminata le combat sans relâche, le combat d’une vie pour la liberté.

Ce livre a gagné cette année le Combat des livres à la radio de Radio-Canada. Pour les amateurs de saga historique.

Aminata, Lawrence Hill, éd. Pleine Lune, 2011, c2007, 565 p.

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«Les choses auraient pu tourner autrement si Wayne n’était pas né en 1968 dans une contrée où le lichen des caribous tapisse le sol de blanc et de vert, où des panaches de fumée s’élèvent des maisons et où les sables aurifères, trop éloignés, n’attirent pas les foules – des plages solitaires sous les aurores boréales. Le labrador.»

Treadway et Jacinta Blake ont leur premier et unique enfant, Wayne, né au début du mois de mars, aux premiers signes du dégel printanier. Ce bébé est  en bonne santé mais hermaphrodite. Le bébé vivra bien, d’une manière qu’ils leur restent encore à découvrir. Ce bébé vivra-t-il au masculin, ou au féminin ?

Le père cherche désespérément un moyen de gommer la troublante ambiguïté de leur enfant. La mère imagine que serait le fait de vivre avec cette même ambiguïté.  Elle imagine sa fille à l’âge adulte, une beauté en robe de satin écarlate, dissimulant sous son vêtement ses caractéristiques masculines, prête à déployer la puissance du guerrier ou l’agressivité latente d’un homme.

 Mais la taille du pénis à la naissance est le premier critère pour déterminer le sexe, ce sera un garçon et il s’appellera Wayne comme son grand-père.

C’est avec tantôt Wayne, tantôt Annabel que l’auteure nous découvre cette essentialité ambigüe, ayant comme décors cette sauvage, grandiose, omniprésente, nature du Labrador.

Annabel dans sa version originale anglaise, fut finaliste pour le prix du Gouverneur, Giller et Orange et couronné meilleur livre de l’année par le Globe and Mail et Amazon.ca. Un thème largement exploité, mais Kathleen Winter nous découvre d’une écriture parfois très poétique, parfois très réaliste, cette ambigüité sexuelle dans deux univers très différents, un petit village isolé du Labrador et celui d’une grande ville St John’s, capitale de Terre-neuve.

 

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De sa ferme ontarienne, Morag Gunn nous raconte en flash-back,  son expérience de vie, ses amours, ses parents adoptifs, son enfance à Manawaka, son mariage trop avilissant, ses bonheurs, son amant Jules et sa fille Pique, et surtout sa passion, son refuge, l’écriture. C’est à l’aide de photographie que l’auteure nous replonge dans son passé : je garde ces photographies non pour ce qu’elles révèlent, mais pour ce qui demeure caché en elles.

«On pense toujours qu’on ne peut pas changer le passé…alors qu’on n’arrête pas de changer le passé, de le convoquer, de le revisiter. Qu’ai-je vraiment vécu ? Une question qui ne veut rien dire. Mais que je n’arrête pas de me poser, tout en sachant qu’il n’y a pas de réponse.» On pourrait facilement croire à un récit autobiographique, Morag Gunn auteure du roman  relatant l’histoire de Lilac Stonehouse quittant son village natal pour la grande ville. 

« C’est la pièce dans la pièce, le film dans le film, le roman dans le roman.»

Les devins, publié originalement en 74, cinquième et dernier roman du cycle de Manawaka, qui débuta avec L’ange de pierre en 1964, on retrouvait Hagar Shipley, Rachel Cameron dans Une divine plaisanterie publié en 1966, sa sœur Stacey dans Ta maison est en feu publié 69, et Vanessa Macleod dans Un oiseau dans la maison 1970.

Margaret Laurence demeure, de nos jours, l’auteure la plus lue au Canada, Les devins  lui a valu le prix du Gouverneur général en 74. Un roman complexe, un roman décrivant d’un regard lucide et sans fard plusieurs périodes charnières d’une femme à la recherche d’elle-même. On peut déceler une certaine ressemblance par l’écriture et les sujets traités d’une autre Manitobaine Gabrielle Roy. Les devins, mon préféré, un roman merveilleux, un roman d’autrefois, et évidemment comment oublier L’ange de pierre.

 

 

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Des parents  divorcés, désorientés, Jesse, un adolescent désabusé de l’école, un garçon au naturel doux, fier, incapable de faire la moindre chose qui ne l’intéressait pas, peu importe combien les conséquences pouvaient l’angoisser. 

Le narrateur  paternel, devant ce fils décrocheur, le prend en charge et se questionne : qu’est-ce que je peux lui faire faire qui n’est pas une répétition de sa débâcle scolaire ? Il ne lit pas; il déteste les sports.  Qu’aime-t-il faire ? Il aime regarder les films.  Moi aussi j’aime regarder les films.  Je m’étais assez bien débrouillé en tant que critique de cinéma pour une émission de télé.

«Dorénavant la seule éducation que tu devras recevoir sera que tu regardes trois films par semaine avec moi.  C’est moi qui choisis.  C’est la seule éducation que tu vas recevoir.» Le transit vers l’âge adulte, les relations amoureuses, tumultueuses du jeune homme en cours d’apprentissage, se font avec les  Coppola, les Spielberg, les Woody Allen, les Fellini, les Truffaut, les Hitchcock, une relation très étroite entre un père et un fils en naîtra. « Nous avons parlé des années soixante( trop souvent, mais il me laissait faire), de boire mal, de boire bien, de ses copines, Adolf  Hitler, Dachau, Richard Nixon, l’infidélité, Truman Capote,  désert du Mojave, Suge Knight, le lesbianisme, la cocaïne, le look « héroïne chic », les Backstreet boys, les tatouages, Johnny Carson, le sarcasme, le body building, la longueur du zizi, les acteurs français.  »

 En flash-back, le narrateur aperçois son fils sous une marquise se rappelle dans une bouffée de nostalgie quasi douloureuse, « ces trois années que lui et moi avons passées, juste nous deux, à regarder les films, à parler sur la véranda, des heures magiques auxquelles un père a rarement droit, si tard dans la vie de son adolescent.  Une époque magnifique.  Un coup de chance pour nous deux.» 

Une autobiographie attendrissante, un propos très intimiste entre ce père cool et cet adolescent récalcitrant, une tranche de vie d’une expérience unique ayant  comme toile de fond tous ces chefs d’œuvres cinématographiques qu’on prend plaisir à visionner avec nos deux acteurs.

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Quelle vie routinière et sans éclat que celle de Rachel Cameron! Entre une mère vieillissante et manipulatrice et des collègues de travail qui se croient ses « amis », Rachel, institutrice célibataire est au prise avec son immense solitude, son désoeuvrement sans fond.

Pourtant, cet été-là elle fera la connaissance de Nick, un amant de passage qui libérera sa soif de liberté et de passion.  Mais Dieu sait qu’il faut cacher cela dans cette société « comme il faut » du Manitoba des années soixantes.

Si vous ne connaissez pas Margaret Laurence, il est temps!  Je dois me pincer pour réaliser que ce livre a été écrit en 1966. Son écriture est tellement « actuelle ».  J’apprends en fin de lecture qu’elle a dû se battre à l’époque contre la censure de ses livres. Et bien!  Il n’est pas trop tard, le cycle de Manawaka (5 volumes) vous attend pour que vous reconnaissiez son immense talent, son implacable lucidité et la justesse de son ton!!  Une divine plaisanterie est le deuxìème titre du cycle.

Une divine plaisanterie (Le cycle de Manawaka), Margaret Laurence, éd. Alto, 2008, c1966, 331 p.

 

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