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Posts Tagged ‘Prix des libraires 2010’

Los Angeles, l’assise et la véritable actrice de ce roman. N’allez pas croire à un flatteur pamphlet touristique. C’est à travers quatre principaux personnages que l’auteur nous présente en petits clichés rapides, quelques pages à la fois, L.A. avec son visage humain.  Le clochard Joe, fin connaisseur de Chablis. Des voix lui disent de prendre la direction de l’ouest.  Il marcha à l’ouest jusqu’à ce qu’il atteigne l’océan. Esperanza aux cuisses grosses et démesurées, née américaine en traversant la frontière mexicaine illégalement avec ses parents. Ce jeune couple, en provenance d’Ohio, Dylan et Maddie, quitte leur foyer trop violent pour vivre leur amour en terre promise.  Amberton et Casey représentant le rêve californien, acteurs et stars de cinéma riches et célèbres, famille et couple exemplaire, mais réellement deux homosexuels dépravés.

Mais la partie plus intéressante est sans nul doute cette mini-biographie de cette cité démesurée.  Frey nous mentionne des statistiques et faits amusants, ces courts paragraphes nous citant des événements tout au long de l’histoire de L.A. qu’il nous dévoile en parallèle de ces personnages.  Faits amusants tel qu’il y a 27 millions de voitures dans le comté de Los Angeles, presque deux par être humain. Des brèves descriptions de quartiers ethniques où personne ne parle anglais, les gens sont russes, coréens, japonais, ils sont arméniens, lituaniens, somaliens. Description de quartier tel : S’étendant sur un périmètre carré de cinquante rues dans la partie du centre-ville, Skid Row, a entre dix et quinze mille résidents, 30 % sont séropositifs, 40 % souffrent de trouble mental, 50 % souffrent de maladies sexuellement transmissibles sexuellement, 65 % ont un casier judiciaire, et 70 % sont drogués ou alcooliques.  75 % sont afro-américains et 98 % sont des hommes.

 Un roman décevant dans son ensemble.  Trop de clichés, tels ces célèbres surfer qui ne vivent que pour le sable, de sel, le soleil, l’eau et l’amour. (Oups ! no sex and no drugs.) Des passages trop fréquents de ces âneries. Texte sans relief, des personnages stéréotypés à souhait qui semblent sortir d’une boîte de vieux souvenirs.  Les acteurs en espoir, les prostituées, les vedettes de cinéma, les bandes de rues, avec une livraison plus qu’ordinaire. Manque d’originalité, sans envergure.  Prisé, encensé par la critique, une énorme déception, un roman que j’aurais dû laisser dès les cent premières pages. Un roman décevant. Un roman déjà vu. Un roman surestimé.  La surprise, l’écriture, n’étaient sûrement pas au rendez-vous.

 

 

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Chalifour nous présente avec son premier roman, cette chose, ce petit être, enfin cette créature qui habite un trou qui vit tranquille sous la mousse et les racines du bois. Peut-être un lutin, un schtroumpf, un farfadet,  mais sûrement affublé d’une langue bien pendue au langage déconcertant, et même parfois amusant, également le petit inconnu est un fin observateur de cet hôtel m-a-g-n-i-f-i-q-u-e, restauré après un incendie et le suicide de son propriétaire dans des circonstances étranges. 

Je sais ce que je raconte, c’est un peu n’importe quoi des fois et que je n’ai pas de classe comme on dit, mais c’est comme ça quand il fait chaud, qu’on est petit dans mon trou et qu’on essaie de faire passer le temps. 

 Je donne ma langue au chat, j’avoue mon ignorance, je jette la serviette, à mon incapacité à trouver les qualités nécessaires à ce récit pour en faire un finaliste du Prix des libraires. Une courte nouvelle aurait été beaucoup plus appréciée, mais ici, charmant au début, un langage captivant, qui fait sourire, Chalifour possède un  talent certain; mais j’ai perdu très rapidement l’intérêt à épier les va-et-vient de tous ces employés, de la directrice à la femme de chambre m-a-g-n-i-f-i-q-u-e,  en passant par les cuisiniers et serveurs, et ces clients qui  parlent toujours avec un accent qu’ ils se font pendre au bout de la langue. 

  Je termine avec ce  passage éloquent, cette petite chose raconte  « On voit que l’histoire du livre n’a pas de milieu et, qu’en finissant, le livre fait comme s’il était un nœud pas possible et qu’il avait l’air de recommencer au début, on n’est complètement pas content et, des fois, les livres, c’est vraiment des connards de merde ».

Vu d’ici tout est petit, trop petit pour être vrai, trop petit pour le croire.

 

 

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 Laferrière nous fait découvrir le froid québécois qui fouille jusqu’ aux os  sous l’œil du métis, de l’immigré de longue date, moitié haïtien, moitié québécois. Un coup de fil nocturne, la mort de son paternel, l’auteur doit quitter cette baignoire rose où il se recroqueville comme dans un ventre rempli d’eau. L’hiver et son froid mordant le terrasse encore, trente-trois ans plus tard. D’un périple dans la campagne québécoise, prochaine étape New York, patrie choisie de son père ayant quitté Haïti lorsque Dany était encore enfant. Mon père tout près de moi, dans son cercueil.  Je le surveille du coin de l’œil.  Un astre trop aveuglant pour qu’on puisse regarder de face. C’est cela, un père mort.

Pèlerinage dans son pays natal, notre exilé partage cette nouvelle vision de son île : cela fait trois décennies que je fais gras à Montréal pendant qu’on continue à faire maigre à Port-au-Prince.  L’auteur nous parle de la faim, de celle qui jour après jour harcèle sans relâche, dans ma vie d’avant, la nourriture était la préoccupation quotidienne.   Tout tournait autour du ventre. Dès qu’on avait de quoi manger, tout était réglé.  C’est une chose impossible à comprendre pour ceux qui ne l’ont jamais vécu. Laferrière partage, sa mère restée au pays, son père, son passé de jeune étudiant, cette île où le temps n’a pas de prise, cette éternelle misère, cette perpétuelle pauvreté. Mais également, il nous découvre Haïti l’île, joyau des Antilles, par sa flore, sa faune, ses montagnes, sa mer, son exotisme à fleurs de peau.

Il me semble que les Haïtiens ont finalement fait le pas.  Question que je me suis souvent posée, quand délesteront-ils leur religiosité pour la remplacer par la délinquance ? La criminalité parait avoir pris de l’ampleur depuis mon dernier séjour et Laferrière insiste : avez-vous déjà pensé à une ville de deux millions d’habitants dont la moitié crève de faim littéralement ? La chair humaine c’est aussi de la viande.  Pendant combien de temps un tabou pourra-t-il tenir face à la nécessité ?

Magnifique roman, gagnant du prix Médicis et du Grand prix du livre de Montréal et probablement d’autres à venir.  Laferrière dont j’ignorais encore le travail m’a surpris par cette qualité. Ce rythme lent qui nous incite à savourer chaque mot, chaque phrase. Un roman qui doit être lu d’un seul trait, pour ne pas y perdre cette atmosphère, cette sensualité, cette chaleur, ce soleil, cette pauvreté, cette faim, que l’auteur par sa prose poétique nous imprègne si bien.

 

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C’est avec quinze nouvelles que je découvre ce Sylvain Tesson, un véritable globe-trotter que l’on surnomme l’arpenteur de la planète. Quinze contes contemporains projetant un regard sur l’homme, du bout à l’autre du globe, de la mer Égée, de la froide Sibérie, des plaines de l’Afghanistan, des rivages écossais. Un regard pas très tendre, teinté de misanthropie. De ces courts récits j’en cite que quelques un, car tous ont un caractère, une finesse digne du Prix Goncourt de la nouvelle que ce recueil remporta en 2009. Mais je suis un parti facile, la nouvelle étant mon genre littéraire préféré. J’ai adoré ce bref interlude entre le roman.

L’asphalte nous présente ce conseiller municipal géorgien qui désire relier son village à la ville. Je cite quelques passages qui illustrent bien tout le talent de Tesson : On ne pèse pas grand-chose sur cette terre lorsqu’on en est réduit à gueuler contre la poussière. Il est temps d’accorder le pouls de nos campagnes aux battements de la mondialisation. Les générations futures nous remercieront d’avoir rétréci le pays. L’asphalte possède des propriétés darwiniennes. Son épandage modifie les comportements des groupes humains. Les villageois raccordés au reste du monde par le goudron rattrapent en quelques mois leur arriération.

Dans La statuette, Zaher, démineur de ces engins explosifs laissés par l’invasion russe, pensait à sa femme encore enceinte probablement de leur sixième fille. Il se préfigurait le cauchemar. Que diraient les voisins ? Les sourires apparaîtraient au coin des lèvres. On en viendrait à douter de sa virilité. Il découvre sur une mine une statuette très ancienne qui changera sa vie.

Les accidents dits «domestiques » en Inde, au Pakistan. Le Bug, présente une révolution mondiale des femmes. La violence se trouvait soudainement privée de son dérivatif ordinaire. Le bouc émissaire s’était réveillé de son sommeil. Les femmes rejetaient l’équation sur laquelle s’équilibrait un édifice plurimillénaire. Tout s’écroula. Dans les mois qui suivirent cette journée, un déchainement de forces secoua le monde.

Le lac introduit cet ermite caché de la justice des hommes. Il y a quarante ans à Tomsk, Piotr avait tué un homme. Et désormais, Piotr avait un chien, pour ne pas être seul, un fusil pour n’avoir pas faim, une hache pour n’avoir pas froid. La vie n’est pas compliquée quand on a tiré le rideau de la forêt sur toute ambition.  L’enfer, c’est pas les autres c’est quand ils viennent trop près.

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Marc S. Morris, métis, chasseur, braconnier et par surcroit intellectuel.  Dès la première page, pour ne pas dire la première ligne : En général, je déteste les gens que je ne connais pas et je hais ceux que je finirai par connaître.  Après son suicide raté (dommage), il nous raconte sa haine, son désarroi, sa recherche de la foi.  Et c’est à travers la chasse et le sexe que notre jeune homme décide d’y apporter sa lumière.  En plus d’être braconnier, notre homme est un individualiste. Je ne suis pas un braconnier par souci de vengeance ou par désir de faire le mal, mais parce que ma nature m’oblige à ne pas respecter les règles des autres.  Et notre héros pendant les prochains dix ans suivra son parcours. Comme je ne savais pas quoi dire, quoi faire, j’ai tracé un immense FUCK YOU qui partait de la Saskatchewan et le U se terminait quelque part dans le Saint-Laurent près de Montmagny.  Ici, on peut parler d’un sérieux désœuvrement. 

L’auteur nous sert et cela sans détour des phrases telles que : Le jansénisme et son contraire sont-ils synchronisés par leur opposition ? Faut le faire, quelle érudition !  Et malgré ces maigres cent quarante quelques pages, Séguin trouve assez de texte pour : Je suis sous la douche.  Je bois l’eau chaude du jet et je pisse en même temps.  J’ai toujours pissé sous la douche.  C’est le seul endroit où je n’ai pas besoin de viser ni de tenir ma queue.  Maintenant nous voilà informés, difficile de ne pas s’éclater de rire.  Et des phrases comme cette dernière le roman en est rempli.  Choisi en liste préliminaire du prix des libraires. J’ai une certaine crainte de m’aventurer avec d’autres. 

J’ai probablement une aversion naturelle envers les chasseurs et en plus braconniers.  Un parti pris, peut-être. Mais les descriptions de ces tueries, de ces baises, de ces recettes de gibier, on en a rapidement plein l’assiette. Et ce style dit très personnel de cet artiste visuel de «réputation internationale» m’a laissé un goût amer. Je termine ici très rapidement, mais je laisse avec cette phrase qui en dit long, mais pas trop long quand même… J’étais bandé raide. Normalement, c’est assez.  C’est surtout simple.  Si je bande, c’est qu’il y a désir.

 

 

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