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Archive for avril 2010

Après avoir fait le tour des finalistes, la date fatidique approchant rapidement. Les grands gagnants nous seront dévoilés le 10 mai, je me permets de rafraîchir nos mémoires avec la liste des finalistes et de choisir mes lauréats.

 

CATÉGORIE ROMAN QUÉBÉCOIS
Vu d’ici tout est petit, Nicolas Chalifour
Maleficium, Martine Desjardins
L’énigme du retour, Dany Laferrière
L’œil de Marquise, Monique LaRue
La foi du braconnier, Marc Séguin

CATÉGORIE ROMAN HORS QUÉBEC

Vendetta, R.J. Ellory
L.A. Story, James Frey
Jan Karski, Yannick Haenel

Exit le fantôme, Philip Roth
Une vie à coucher dehors, Sylvain Tesson

Catégorie Roman Québécois, le choix, cette année, à moins d’une grosse surprise.  Évidemment, L’énigme du retour devrait remporter facilement cette catégorie. Une mention pour Maleficium de Desjardins. C’est Roman hors Québec que l’élection d’un gagnant s’avère un peu plus difficile.  Mon cœur préfère Vendetta d’Ellory, sa plume sensible et son intrigue intelligente gagnent mon vote, mais je n’oublie pas Exit le fantôme que la notoriété et également le talent indéniable de Roth pourrait jouer.

Je profite de l’occasion pour souligner quelques romans, tirés de la liste préliminaire, Roman hors Québec, valant définitivement le détour.  Impardonnables de Djian, Julius Winsome de Gerard Donovan, et Les chaussures italiennes de Mankell, des titres à ne pas manquer.

 Les paris sont ouverts !

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Nathalie est plutôt discrète.  Elle avait traversé l’adolescence sans heurt, respectant les passages piétons.  À vingt ans, elle envisageait l’avenir comme une promesse.  Elle aimait lire, elle aimait rire. François travaillait dans la finance, c’était un homme plein de vitalité, débordant d’idées et d’énergie.  Passionné, il aurait pu faire n’importe quel métier.

François alors prit son courage à deux mains, il aurait aimé en avoir quatre à cet instant.  Elle est exactement le genre de femme avec qui j’aimerais partir en week-end à Genève.  Surtout que pour lui, c’était vraiment la première fois.

Une rencontre, un mariage, une vie à vivre ensemble : Ils tentaient aussi de garder une vie sociale, de continuer à voir des amis, à aller au théâtre, à faire des visites surprises à leurs grands-parents.  Le temps passait sur cette facilité, sur cette rare habileté des vivants. Mais, il y a un mais.  Accident tragique, François disparaît pour toujours.  Nathalie dans un état second, abruti de calmants, ne cessant de repenser à ce dernier instant entre eux.

Les années s’écoulent.  Un jour ce Markus, compagnon de travail, un homme ponctuel, et aime rentrer chez lui à sept heures quinze précises.  Il n’est pas malheureux dans ce quotidien huilé. Nathalie d’un geste irréfléchi, subitement, colle un baiser à ce Markus, c’était la manifestation d’une anarchie subite sans ses neurones, ce qu’on pourrait appeler : un acte gratuit. Sa première décision fut simple : la réciprocité. Lundi à la première heure il lui rendrait la monnaie de ses lèvres. Mais Markus en est profondément troublé, timide, rangé. « Bien sûr que non : ce n`était pas grave.  C’était tragique.  À la vision des femmes du monde entier qui le rejetaient.  Un ricanement bourdonnait dans ses oreilles. Les images de tous ses malaises remontaient en lui.  Il était un enfant qu’on se moquait dans la cour d’école.»

Malgré tous les obstacles, le patron et les employés de la boîte, malgré ce quelque chose d’incongru dans l’idée de leur relation. Notre couple découvre l’amour.

Rien d’épatant dans ce récit.  La surprise, la nouveauté dans ce roman est le texte, enfin sa livraison, sa tonalité, sa ponctuation, son humour le rende d’une légèreté, d’une fraicheur, d’une extrême délicatesse de cette relation qui nous transporte au-dessus de ce mélo. Tout simplement charmant.

Définition du mot délicat, car délicatesse ne suffit pas pour comprendre la délicatesse.

Délicat

D’une grande finesse ; exquis ; raffiné. Un visage aux traits délicats

Qui manifeste de la fragilité.  Santé délicate

Difficile à gérer ; périlleux. Situation, manœuvre délicate

Qui manifeste une grande sensibilité, du tact.  Un homme délicat.

 

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C’est avec beaucoup d’hésitation, une certaine appréhension que j’entrepris la lecture de ce finaliste. La jaquette ne me disait rien qui vaille, des bondieuseries sexuées, peut-être ? 

 Une première édition de l’œuvre des huit feuillets scellés dans la correspondance de l’abbé Jérôme Savoie, 1877-1913 confesseur, oreille de Dieu sur terre, le funestement célèbre Maleficium. Des retranscriptions des confessions faites sous le sceau du sacrement.  Le lecteur s’expose malheureusement à l’excommunication. 

Ces confessions nous racontent l’éternelle ambition de l’homme de vouloir acquérir ce rarissime, cet ultime objet de convoitise. Un safran au troublant parfum, une larve qui ne vit que sur l’homme, des écailles de tortue marine très fine utilisées en lunetterie, du savon de Naplouse renommé dans le monde entier pour sa mousse fondante et son grand pouvoir nettoyant. Dans tous ces voyages en pays exotiques, en des lieux étranges tels la mosquée de Tombouctou, l’oasis d’Al-Hasa, la côte de Zanzibar, le fort de Mascate pour ne nommer que ceux-là.  Les confessés, mutilés par d’étranges affections, ont tous un point en commun, une jeune fille à la lèvre fissurée, défigurée par une profonde balafre dans la lèvre supérieure, une difformité qui sépare en deux pièces buccales similaires aux mandibules tranchantes des mantes religieuses. Cette femme est la cause de tous les malheurs de nos suppliciés. 

Comme le souligne la présentation de Maleficium, une fresque baroque en huit tableaux, une invitation à voyager aux limites des plaisirs et de la souffrance. Un recueil d’histoires rocambolesques qui nous fait percer quelque peu ce sourire énigmatique de Martine Desjardins, qui étonnamment ne fréquente plus l’église et a horreur des voyages. Ces huit petits chapitres que je qualifierais facilement de fables d’antan, ce vocabulaire recherché et surtout cette qualité essentielle, cette originalité, cette surprise en font définitivement une des plus envoûtantes découvertes de cette année.

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Los Angeles, l’assise et la véritable actrice de ce roman. N’allez pas croire à un flatteur pamphlet touristique. C’est à travers quatre principaux personnages que l’auteur nous présente en petits clichés rapides, quelques pages à la fois, L.A. avec son visage humain.  Le clochard Joe, fin connaisseur de Chablis. Des voix lui disent de prendre la direction de l’ouest.  Il marcha à l’ouest jusqu’à ce qu’il atteigne l’océan. Esperanza aux cuisses grosses et démesurées, née américaine en traversant la frontière mexicaine illégalement avec ses parents. Ce jeune couple, en provenance d’Ohio, Dylan et Maddie, quitte leur foyer trop violent pour vivre leur amour en terre promise.  Amberton et Casey représentant le rêve californien, acteurs et stars de cinéma riches et célèbres, famille et couple exemplaire, mais réellement deux homosexuels dépravés.

Mais la partie plus intéressante est sans nul doute cette mini-biographie de cette cité démesurée.  Frey nous mentionne des statistiques et faits amusants, ces courts paragraphes nous citant des événements tout au long de l’histoire de L.A. qu’il nous dévoile en parallèle de ces personnages.  Faits amusants tel qu’il y a 27 millions de voitures dans le comté de Los Angeles, presque deux par être humain. Des brèves descriptions de quartiers ethniques où personne ne parle anglais, les gens sont russes, coréens, japonais, ils sont arméniens, lituaniens, somaliens. Description de quartier tel : S’étendant sur un périmètre carré de cinquante rues dans la partie du centre-ville, Skid Row, a entre dix et quinze mille résidents, 30 % sont séropositifs, 40 % souffrent de trouble mental, 50 % souffrent de maladies sexuellement transmissibles sexuellement, 65 % ont un casier judiciaire, et 70 % sont drogués ou alcooliques.  75 % sont afro-américains et 98 % sont des hommes.

 Un roman décevant dans son ensemble.  Trop de clichés, tels ces célèbres surfer qui ne vivent que pour le sable, de sel, le soleil, l’eau et l’amour. (Oups ! no sex and no drugs.) Des passages trop fréquents de ces âneries. Texte sans relief, des personnages stéréotypés à souhait qui semblent sortir d’une boîte de vieux souvenirs.  Les acteurs en espoir, les prostituées, les vedettes de cinéma, les bandes de rues, avec une livraison plus qu’ordinaire. Manque d’originalité, sans envergure.  Prisé, encensé par la critique, une énorme déception, un roman que j’aurais dû laisser dès les cent premières pages. Un roman décevant. Un roman déjà vu. Un roman surestimé.  La surprise, l’écriture, n’étaient sûrement pas au rendez-vous.

 

 

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Chalifour nous présente avec son premier roman, cette chose, ce petit être, enfin cette créature qui habite un trou qui vit tranquille sous la mousse et les racines du bois. Peut-être un lutin, un schtroumpf, un farfadet,  mais sûrement affublé d’une langue bien pendue au langage déconcertant, et même parfois amusant, également le petit inconnu est un fin observateur de cet hôtel m-a-g-n-i-f-i-q-u-e, restauré après un incendie et le suicide de son propriétaire dans des circonstances étranges. 

Je sais ce que je raconte, c’est un peu n’importe quoi des fois et que je n’ai pas de classe comme on dit, mais c’est comme ça quand il fait chaud, qu’on est petit dans mon trou et qu’on essaie de faire passer le temps. 

 Je donne ma langue au chat, j’avoue mon ignorance, je jette la serviette, à mon incapacité à trouver les qualités nécessaires à ce récit pour en faire un finaliste du Prix des libraires. Une courte nouvelle aurait été beaucoup plus appréciée, mais ici, charmant au début, un langage captivant, qui fait sourire, Chalifour possède un  talent certain; mais j’ai perdu très rapidement l’intérêt à épier les va-et-vient de tous ces employés, de la directrice à la femme de chambre m-a-g-n-i-f-i-q-u-e,  en passant par les cuisiniers et serveurs, et ces clients qui  parlent toujours avec un accent qu’ ils se font pendre au bout de la langue. 

  Je termine avec ce  passage éloquent, cette petite chose raconte  « On voit que l’histoire du livre n’a pas de milieu et, qu’en finissant, le livre fait comme s’il était un nœud pas possible et qu’il avait l’air de recommencer au début, on n’est complètement pas content et, des fois, les livres, c’est vraiment des connards de merde ».

Vu d’ici tout est petit, trop petit pour être vrai, trop petit pour le croire.

 

 

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