Feeds:
Articles
Commentaires

Archive for juillet 2010

Daniel Rondeau, auteur, détenteur d’une maîtrise en linguistique appliquée, tente de propager sa passion à ses étudiants durant ses cours de français et de linguistique.  Un recueil de nouvelles, encore, eh oui, mais celui-ci est particulier, une réflexion vagabonde, un sourire incrédule, stupéfait devant ses petits, mais tout petit bijoux, la plupart à peine un paragraphe, une page. Un voyeur de la nature humaine, un regard masculin, d’homme, de gars. Je vous présente deux courtes, mais très courtes nouvelles, espace oblige, donnant un bref aperçu de ces joyaux.

Mémoire fragmentée

Le corps de l’homme git par terre, assis contre le mur de sa chambre.  Près de lui, une pluie de souvenirs jonchent le sol : des photos d’elle, des photos d’eux, des souvenirs en gouttes salées, une enveloppe remplie de mots trop durs pour être prononcés et d’autres missives jamais envoyées, lettres mortes qui ne se rendront pas à leurs destinataires, du moins pas en mains propres.  L’homme repose par terre.  Enfin.  Sur le mur derrière sa tête fane une énorme fleur rouge, alors que dans sa main s’attiédit un pistolet lourd comme un soupir, cruel à creuser des trous de mémoire, des trous par où les souvenirs coulent lentement vers l’oubli.  À cause de la gravité.

Souvenir

Assis sur le quai, les jambes pendantes, les orteils effleurant la surface du lac, j’écoutais respirer cette vie qui m’entourait.  La brise sculptait des vaguelettes et à cent mètres flottait un huart.  De l’autre côté, un pic-bois perçait des trous, et tout proche un animal invisible faisait crisser les feuilles mortes.  Un coin de paradis.  Un coin où il faisait bon aller en pénitence.

Sur mon épaule, j’ai senti sa main se poser.  Ses seins se sont pressés contre mon dos.  Je gonflais de bonheur.  Tout en regardant l’eau du lac, j’ai posé ma main sur la sienne.  Je n’ai senti que mon épaule.  Mon corps avait eu un souvenir.

Monsieur Rondeau, merci !

Read Full Post »

Angleterre, 1947. Imaginez que vous avez à peine 6 ans, que vous êtes orphelin, qu’on vous embarque sur un bateau immense avec d’autres enfants, orphelins comme vous, en direction de l’Australie. On vous promet une nouvelle vie.

C’est ce que dois affronter le jeune Arthur Hobhouse. Tout ce qui le relit à son passé c’est une clef autour de son cou, donnée par sa soeur Kitty lors de leur séparation. Dans son désespoir Arthur en vient à croire qu’il a imaginé tout cela. Qu’il n’a même pas de soeur…

Arthur nous raconte son histoire. L’histoire de milliers d’enfants comme lui qui ont vécu la déportation. Ses espoirs, ses déceptions, son amour de la mer et des bateaux.

Quel roman! Ce livre était dans ma PAL depuis belle lurette. C’est une chance qu je ne l’ai pas mis de côté! Quelle souffle dans l’écriture. Par moment, j’avais envie de lire à voix haute tellement c’était beau! A lire!

Ce roman a reçu le prix 2008 des libraires indépendants britanniques.

Seul sur la mer immense, Michael Morpurgo, éd. Gallimard jeunesse, 2008, c2006, 294 p.

Read Full Post »

Un récit fantastique, un roman de science-fiction, une histoire très étrange, une ambiance troublante, lugubre, tout à fait orientale, tendre et froide. Trois personnages principaux forment la trame du récit, la narratrice auteure d’un roman écrit en parallèle, un vieil ami de la famille qu’elle nomme Grand-père et son éditeur qu’elle cache chez elle dans une pièce secrètement aménagée.  L’auteure nous décrit l’existence de ces insulaires où tout disparaît au fil des jours, d’abord des objets sans importance et lentement… 

Le départ de sa mère, imperméables à ces extinctions, sonne le glas à ces plaisirs d’enfance. Une lettre de la police secrète, ces chasseurs de souvenirs qui traquent les réfractaires. « Une maladie soudaine l’a emportée alors qu’elle participait à nos recherches, et nous vous en prions de bien vouloir accepter nos sincères condoléances dans ce deuil qui vous frappe… 

La population de l’île était parfaitement habituée à ces disparitions. Du jour au lendemain sans aucun signe avant-coureur une maison se retrouvait vide. « On passait en jetant un coup d’œil furtif aux fenêtres. Peu à peu, tout se volatilise, les oiseaux, les fleurs, et même les saisons.  On avait beau attendre, le printemps ne vint pas.  Nous fûmes ensevelis sous la neige avec les cendres des calendriers, car eux aussi avaient disparu». Les premières nécessités, nourritures, bois de chauffage deviennent denrées rarissimes. Non seulement tout s’efface, mais également leurs souvenirs, qui laissent un vide vertigineux : les romans, les livres, les manuscrits ne sont plus que des boîtes vides.  Le contenu est creux.  On peut concentrer son regard, tendre l’oreille, renifler leur odeur, cela n’exprime rien du tout. Le mot roman commence à devenir difficile à prononcer.  La disparition est en train de s’installer.  Ces absences passent rapidement inaperçues. 

Et si les mots disparaissent que va-t-il se passer ? 

Difficile en quelques lignes de résumer l’ambiance prédominante de ce roman, La route de McCarthy revient en mémoire. Cette angoisse, cette tristesse, ce vertige qui s’empare du lecteur, cette analogie aux régimes totalitaires, cette métaphore d’une maladie neurodégénérative.  Ma première rencontre avec cette auteure japonaise très prolifique, une vingtaine de romans traduits depuis une quinzaine d’années. Un nom définitivement à retenir.

 

 

 

Read Full Post »

Un titre, une jaquette accrocheuse à souhait avec cet alligator stylisé, un revers offrant une biographie, photo du jeune auteur à l’appui : Vincent Thibault a d’abord été libraire et professeur d’arts martiaux avant de se consacrer presque exclusivement au travail spirituel et à l’écriture.  Défenseur de ce qu’il conviendrait d’appeler « l’optimisme éclairé », voyageur amusé, et étudiant de maîtres tibétains, il touche à des genres littéraires variés et est notamment l’auteur de contes , de nouvelles et d’essais. Oh !  Difficile de résister à cet attrayant emballage. 

Le docteur Wilkinson devient citoyen américain en 1934 à l’âge de 31 ans, anglais d’origine après avoir vécu son enfance au Canada.  Wilkinson passera l’essentiel de sa vie adulte en Louisiane. « Pas de femme, pas d’enfants, pas d’amis véritables, il s’accommodait des relations privilégiées qu’il entretenait avec ses patients en psychiatrie.» Souffrant de solitude, le Docteur Wilkinson épris de lectures et d’écritures écrit ses souvenirs, ses aventures, dans une petite ville de Louisiane, au cœur du bayou. 

L’auteur nous offre sans prétention ce court recueil de nouvelles, racontant les mémoires de ce psychiatre, des enquêtes, charmantes, amusantes, humoristiques, sans grand mystère, ni casse-tête, inspirées de Conan Doyle avec Holmes mais sans ce cher Watson.  Un bouquin que l’on glisse dans son sac de plage, qui vous fera sûrement passé une très agréable journée.

 

Read Full Post »

Que se passerait-il si la reine Sa Majesté (Elisabeth II) se découvrait une passion pour la lecture. Que lirait-elle? Comment réagirait son entourage? Réfléchirait-elle et agirait-elle autrement? Verrait-elle le monde de façon différente. C’est à ces questions et à bien d’autres que l’auteur Alan Bennett (auteur de pièces de théâtre, de séries télés et de romans en Grande-Bretagne) s’amuse à répondre. Car il s’agit bien là d’une comédie, plûtot grinçante comme les anglais savent les écrire! Savoureux!! Avec un « punch » final désarmant!!

La reine des lectrices, Alan Bennett, éd. Denoël, 2009, c2007, 173 p.

Read Full Post »

Older Posts »