Feeds:
Articles
Commentaires

Archive for août 2010

                                

Femme de cinquante ans qui a dû être belle. Zita Chalitzine retrouvée morte dans sa Mercédès portant un vison blanc.   Les policiers ne la reconnurent pas.  On ne reconnaît pas les écrivains passée la république de Saint-Germain-des-Prés.  L’identification prit un certain temps, parce qu’elle n’avait ni sac à main, ni papier. Ondine sa fille, lors d’une interview commentant la mort de sa mère « Zita n’aurait pas été au paradis.  Elle a toujours joué avec le feu et à fini par s’y brûler.  Ça ne la changera pas trop en enfer.» 

Pierre, le jeune veuf éploré, parmi les affaires de la suicidée, un carton rempli de feuilles intitulé En mémoire de moi de Zita Chalitzine.  Zita se raconte, son enfance, sa mère qu’elle a toujours détestée, son père, lecteur trop assidu, « il ne comprenait pas ce qui faisait bouillonner mon cerveau de révolte et palpiter mon cœur d’un sentiment écrasant d’abandon.» Zita, décrit ses années 70, argent facile, vie parisienne mouvementée, gens d’affaires, aristocratie de l’époque, groupes rock, drogues et sa rencontre avec cette Madame Claude, qui précisera l’avenir de la jeune fille, cette madame lui présente son premier client, son premier amant.  Romain Kiev, écrivain de renom, titulaire du Renaudot, du Goncourt, deviendra son mentor, sexuel autant qu’intellectuel : Qui aurait su définir cette Zita-là ?  Ce mélange d’orgueil vain, de confiance, de doute, d’aspiration dévorante, d’envie de revanche destructrice, de besoin d’amour abyssal, cette intensité d’être et cette superficialité de paraître. Si ce n’est de Romain Kiev. Abusée… Abusée donc abusive.  Incapable de respecter les limites puisque l’on n’avait pas respecté les siennes.  Violente parce qu’on lui avait fait violence.  Terrifiante pour ne pas être effrayée. Au fil des ans, au fil des amants, au fil des disparus, Zita devient finalement une auteure reconnue.  

Un propos très accrocheur, un mélodrame romanesque, teinté parfois d’humour, d’érotisme et surtout d’amour. Fourrure sait garder notre attention jusqu’à la dernière page. Lauréate du Prix Françoise Sagan et sélectionnée pour le Renaudot 2010. Un roman que l’on dévore jusqu’à la dernière page.

 

 

Read Full Post »

Préposée dans un hôpital de Montréal, Mélisse Leblanc s’efforce d’être un rayon de soleil pour les bénéficiaires.  Sa légereté et son optimisme au travail en font une personne appréciée de tous. Entre Michel son ex, devenu son meilleur ami et Pénélope, sa meilleure amie, son quotidien  s’écoule tout doucement.  Jusqu’au jour où Mélisse sera affectée au département de soins longues durées. Soudainement sa vie devient des plus animée: un nouvel ami docteur, un nouveau chum, sa vie routinière semble tout à coup volée en éclat!

Suzanne Myre signe ici son premier roman, après plusieurs recueils de nouvelles.  Un brin de folie, une spontanéité débordante, de l’émotion et de l’humour, voilà les ingrédients qui font de ce premier romans un petit bijou!  J’en redemande!

Dans ma bulle, Suzanne Myre, éd. Marchand de Feuilles, 2010, 410 p.

Read Full Post »

Marnus Erasmus, notre narrateur, en ce début 70, raconte ses onze ans, au Cap, Afrique du Sud. Ses promenades, son ami Frikkie, son frère de sang, leurs virées à bicyclette, leurs parties de pêche, leurs problèmes scolaires. Ses parents, sa mère ancienne cantatrice, son père général de l’armée sud-africaine, son héros, son idole, combattant inlassablement du coté des justes. La famille idéale afrikander. C’est avec ce regard d’enfant rempli de naïveté que l’on explore l’apartheid, si caractéristique de cet état sud-africain. 

 Un roman qui semble anodin, fastidieux, une mise en situation qui n’en finit plus, si ce n’est de ce mystérieux général chilien, ami de son père venu passer quelque temps au Cap, que l’on nomme Mr Smith qui pimente quelque peu le récit. Mais ce sont, surtout, ces petits détails de la vie quotidienne qui dresse le portrait de cette famille blanche qui nous découvre peu à peu ce racisme, conditionné, inné, inculqué depuis des générations sous le couvert de la bonne morale et la religion. Une suprématie blanche qui, même en seconde moitié du XX° siècle, Anglais, Allemands, Français, Hollandais, Portugais, règne encore sur ce continent. 

 Mais une surprise, un coup de massue, nous attend dans les toutes dernières pages nous dévoilant  l’étendue de la face cachée de ce troublant roman,  lui dénonçant une tout autre dimension, une odeur de pomme bien perturbante qui demeure étrangement présente un long moment.

 

Read Full Post »

 

 

Rocky Surprenant détient son nom du boxeur Rocky Graziano, n’étant pas boxeur lui-même, mais la boxe fait partie de son identité et celle de sa famille. En toile de fond, ce milieu familial de boxeur, boxeur amateur, boxeur champion, vieux boxeur, grand-père, surnommé Furious et son père Raymond Surprenant, alias Punching Ray, dont la carrière s’était terminée dans un combat contre Marvelous Hagler, vendait du fumier pour fertiliser les jardins. Il faut tout de même du talent pour faire fortune dans l’excrément biologique. Punching Ray est maintenant retraité sous le soleil de Floride, mais encore et toujours il rêve d’un combat de championnat mondial. 

 Rocky nous présente sa femme Sophie, ses deux enfants Nobel et Cléopâtre. Mais notre héros depuis la noyade de son ainé Nevada, souffre du mal de vivre et se meurt chaque nuit devant son ordinateur. «Je hais mon travail ! Un métier d’un ennui coupable de haute trahison envers la condition humaine.  Je suis comptable agréé, mais non de mon plein gré. Son malheur, dans sa jeunesse lointaine, Rocky Surprenant excellait en math.» 

Mais un ami d’enfance viendra changer tout cela, Jésus Chavez, immigré chilien en 73, réapparaît dans l’entourage après une absence de 14 ans, père de la fille d’Argentina sœur de Rocky. Jésus ne prend rien au sérieux, sauf le poker. On ne meurt pas pour des idées.  On ne tue pas pour des idées ! Mieux vaut changer d’idées. Life is fucking good proclame Jésus.  Un bon pote, du cash et la liberté.  La tournée des bars débute sur les chapeaux de roues et d’ecstasy, Jésus connaît Montréal comme le tatouage sur le revers de sa main. Notre héros, Rocky, part vers un voyage au fond des abimes, New York et l’enfer des enfers Las Vegas. « L’étrange sensation d’être trop vivant, comme une dimension de lucidité extrême par-delà les faits divers de l’existence.  L’adrénaline, toujours cette drogue, gonfle mes veines et mes muscles tordus par la volonté de rompre avec la douleur d’errer sans but. » 

Yves Trottier à son troisième roman et comme le souligne le verso de la jaquette un roman plein de rebondissements et d’humour.  Une écriture enjouée et originale et l’auteur rempli très bien cette promesse. Un récit captivant, palpitant, décapant du début à la fin.  Un cv que je ne pouvais passer sous silence. Professeur à l’École nationale de l’humour, diplômé en histoire, en sciences politiques et en philosophie, il est aussi scénariste pour la télévision. Il a publié un essai sur Albert Camus et signé deux pièces de théâtre.

 

Read Full Post »

Huit nouvelles nous racontant le va-et-vient d’habitants de ce petit village israélite qui calmement passe dans la quiétude les nombreuses guerres de son pays.  Oz nous décrit ce village en ces mots : somnolent, vieux d’un siècle au moins avec des grands arbres, ses toits rouges et ses exploitations agricoles transformées pour la plupart en caves à vin de production artisanale, d’olives épicées, de fromages fermiers, de condiments exotiques , de fruits rares et de macramé.  Les anciens bâtiments avaient été convertis en petites galeries exposant des objets d’art importés, des jouets décoratifs africains, du mobilier indien. Tel-Ilian était un village séculaire, environné de champs et de vergers.  Certains habitants s’occupaient encore d’agriculture et employaient des ouvriers étrangers.  La plupart avaient affermé leurs terres pour se reconvertir dans les chambres d’hôtes, les galeries d’art, les boutiques de mode, quand ils ne travaillaient pas à l’extérieur.

 

D’une écriture très classique, intemporelle, observatrice du détail, Oz décrit avec tendresse ces personnages attachants, une femme vivant avec son vieux père grincheux qui entend toutes les nuits creuser sous la maison, un agent immobilier qui convoite une maison centenaire pour la transformer en résidences secondaires destinées aux week-ends et aux vacances.  Et dans Les étrangers, ce tout jeune homme, taisant, refoulant, son amour pour cette jolie bibliothécaire deux fois son âge.  Chaque nouvelle possède un attrait particulier décrivant cette façon de vivre de ce petit bourg israélien, qui au fil des ans donne place à la modernité. Fait particulier, l’auteur cultive un suspens tout au long de ses récits et laisse son lecteur pantois, à lui-même, libre de développer sa propre conclusion.  Amos Oz, né à Jérusalem en 39, devient un important écrivain de sa génération, lauréat du prix Femina roman étranger en 88 avec La boîte noire.

 

Read Full Post »

Older Posts »