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Archive for septembre 2011

Petit recueil de nouvelles, Les bonnes filles plantent des fleurs au printemps foisonnent de femmes à la fois fragiles et fortes, jeunes et âgées, solitaires, belles, esseulées, fatiguées ou passionnées. Ce qui me frappe, ce mélange de forces et de fragilités qui habitent tous ces personnages de femmes en même temps si uniques et différentes. De vraies femmes quoi!

 

Les bonnes filles plantent des fleurs au printemps, Claudia Larochelle, éd. Leméac, 2011, 120 p.

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Un des événements qui  marque la rentrée littéraire 2011. Une traduction longtemps attendue du roman américain de la décennie. Après son précédent succès littéraire Les corrections paru en 2002, Franzen revient  avec cette grande fresque de l’Amérique moderne des années 70 empreintes de reaganisme jusqu’en début 2000 sous l’ère Bush.  L’auteur explore encore ses thèmes favoris : amitié, sexualité, baby-boomers et leurs valeurs et les relations intergénérationnelles. 

 Freedom  présente  la famille Berglund, Patty et Walter et leurs deux enfants Jessica et Joey. Tour à tour, c’est avec deux parties majeures du roman «Des erreurs furent commises» Autobiographie de Patty Berglund par Patty Berglund, rédigée sur les conseils de son thérapeute,  et une deuxième intitulée 2004, que l’on s’attache, bien malgré nous, à ces personnages dignes représentant d’une classe moyenne très américaine à l’éternelle recherche du bonheur. Un roman qui réalise une époque aussi éphémère que ses êtres qui la façonnent. Une livraison simple traitant d’une Amérique dans toute sa complexité. Un style flashback nous ramenant de la cabane en bois au concert rock, de la mondialisation à la surpopulation planétaire, du trio amoureux à l’invasion irakienne. Une critique très mitigée accueille cette traduction qui laisse malheureusement à désirer, notable surtout dans les premiers chapitres. Déclaré livre de l’année 2010 par Oprah, un « véritable tour de force», et Foglia qui mentionne : On est plus près de Tom Wolfe; le même genre d’efficacité qui sacrifie le style à l’histoire.  Sauf que, sans le style, les histoires finissent toutes par m’embêter, surtout quand elles durent plus de 700 pages…

Mais, n’ayez crainte, Freedom demeure un roman qui, sans être celui de la décennie, mérite assurément la lecture.

 

 

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Deux solitudes en parallèle. Deux êtres recherchant désespérément cette sensation amoureuse désormais disparue, cette vie de couple, ce quelque chose d’apaisant à l’intérieur.

Mathilde, 40 ans, veuve, mère de trois enfants, cadre d’une grande entreprise. Un matin du 20 mai, sa vie va changer.

« Mathilde ne sait pas si elle est encore dans la journée qui commence.  Un homme le 20 mai. Un homme au tournant de sa vie qui la délivrerait. Le 20 mai est resté comme une vague promesse, suspendue dans le vide. C’est aujourd’hui. Elle regardera des dessins de ses enfants accrochés aux murs, pour ne pas penser, ne pas anticiper la journée, ne pas se voir prendre le train, ne pas se voir dire bonjour avec l’envie de hurler, ne pas se voir entrer dans l’ascenseur, ne pas se voir avancer à pas feutrés sur la moquette grise, ne pas se voir assise derrière ce bureau. C’est le pire, chaque matin renouvelé : l’instant d’effroi.  Être allongé dans son lit et se rappeler ce qui l’attend. Ce 20 mai commence dans cette lutte absurde et misérable.»

Thibault médecin d’urgence médicale à domicile depuis dix ans.

 «Il est comme un con à quatre heures du matin enfermé dans une salle de bain d’hôtel parce qu’il n’arrive pas à dormir. Il n’arrive pas à dormir parce qu’il l’aime et qu’elle s’en fout. Il est trop sensible, trop épidermique, trop impliqué, trop affectif.  Pas assez lointain, pas assez chic, pas assez mystérieux. Il n’est pas assez. Parfois, il rêve d’une femme à qui il demanderait : est-ce que tu peux m’aimer ? Avec toute sa vie fatiguée derrière lui.  Une femme qui connaîtrait le vertige, la peur et la joie.»

L’auteure exploite magistralement le thème de cette solitude des êtres en milieu urbain. Un roman très dense, très lucide, très sombre. Une analyse psychologique honnête et sans fard explorant l’extrême lassitude, la détresse de ces deux êtres attachants. Une vue imprenable sur l’ampleur d’un désastre.

 

 

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Prague, l’auteur découvre lors de la visite d’une église, le dénouement d’un des plus grands actes de résistance de l’histoire humaine, l’opération  Anthropoïde. Le 27 mai 1942, un attentat blessa mortellement le bourreau de Prague, le boucher, la Bête blonde, le cerveau d’Himmler, HHhH pour Himmler Hirn Heisst Heydrich. Josef Gabeik, Tchèque et Jan Kubis, Slovaque, parachutés de Londres seront retrouvés dans le sous-sol de cette église. 

«  Dans la crypte, il y avait tout. Il y avait les traces terriblement fraîches du drame qui s’est achevé dans cette pièce voilà plus de soixante ans : des impacts de balles sur les murs et le plafond voûté, deux petites portes en bois.  Mais il y avait aussi les visages de parachutistes sur des photos, il y avait le nom d’un traître, il y avait un imperméable vide, une sacoche, un vélo, réunis sur une affiche, il y avait bien une mitraillette Sten qui s’enraye au pire moment, il y avait des femmes évoquées, il y avait des imprudences mentionnées, il y avait Londres, il y avait la France, il y avait des légionnaires, il y avait un gouvernement en exil, il y avait un village du nom de Lidice, il y avait un guetteur qui s’appelait Vlaleik, il y avait un tramway qui passe, lui aussi, au pire moment, il y avait un masque mortuaire, il y avait une récompense de dix millions de couronnes pour celui ou celle qui dénoncerait, Il y avait … Il y avait tout. » Cette histoire dépassait en romanesque et en intensité les plus improbables fictions. 

Prix Goncourt 2010 du premier roman, par sa construction originale, l’auteur partage avec son lecteur son aventure littéraire, sa tentation,  son incertitude, son questionnement : Roman fictif  basé sur des faits historiques sans avoir de compte à rendre à l’histoire ou un récit historique rigoureusement authentique. Mais assurément un excellent suspense, une enrichissante leçon d’histoire.

 

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Georges Washington Crosby se mit à avoir des hallucinations huit jours avant de mourir. C’est au tic tac de ses horloges, des membres de sa famille qui l’entourent, que ce mourant se souvient.

«Dans un miroir, George contempla  son visage avec étonnement, comme si, après avoir toute une vie durant croisé son reflet dans les miroirs, les vitres, le métal et l’eau, il voyait à présent, à la fin, un personnage inconnu, impatient et grossier, prendre subitement sa place et, ignorant sa réplique, se hâter de faire son entrée en scène sans attendre que Georges en fût sorti d’abord.»

En continuelle alternance, Georges se remémore son père : il y a soixante-dix ans, Howard Aaron Crosby gagnait sa vie en conduisant une carriole de bois.  C’était une commode  montée sur des essieux et des roues à rayons en bois. Howard vendait des brosses, de la cire à bois, de la poudre dentifrice et des bas de laine, du savon à raser et des rasoirs à manche, etc. Howard est épileptique. Au risque d’être envoyé en hôpital psychiatrique, Howard n’aurait pas pu passer la journée à envisager la possibilité de quitter sa famille, à en peser sérieusement les implications, puis pour finir, malgré tout, la quitter en effet. Il eût été trop pénible de réfléchir à un tel geste puis de passer à l’acte.  Alors il ne réfléchit pas.  Il partit.

Une très étonnante surprise ce  Pulitzer 2010. Un premier roman de l’auteur au  titre original Thinkers, un roman très insolite, un poème lyrique, des tableaux d’un autre siècle en alternance entre ce fils mourant et son père, une écriture envoûtante, parfois surréaliste, originale, éblouissante,  parfois très concrète, un regard bucolique, contemplatif, une ode à dame nature. Des influences de Thoreau s’insinuent, un roman très dense, exigeant, mais qui vaut assurément l’effort.

 

 

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