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Archive for février 2011

Une rencontre très attendue, que cette promenade en novembre, mois de prédilection de l’auteur, qui présente dix-sept nouvelles racontant ces hommes qui pleure la perte de leur jeunesse d’antan, d’un être cher, un fils, un frère, une femme.  Réminiscences d’un autre temps qui jadis était éternel, « Alors que nous possédions une solide immortalité de cinquante à soixante ans à vivre. »  Désormais, des ventres prédominants, des calvities qui prennent de l’ampleur, un corps qui ne cesse de souffrir, et surtout une solitude parfois amicale, parfois accablante, parfois triste. 

Comme dernière nouvelle, ma préférée,  Dans le silencieux automne, le narrateur réapprend son frère Claude en phase terminale,  qui ne cesse d’évoquer le bonheur perdu de l’enfance. « Je ne l’ai pas connue cette période de félicité, ais-je été distrait ?» 

Une écriture qu’on croirait  chuchotée, empreint d’une implacable lucidité, d’un grand dépouillement, Gilles Archambault, 77 ans, avec ce petit homme qui va au cimetière un soir de novembre, ne cesse de m’éblouir de cette plume tranquille, réfléchie, parfois mélancolique, j’aime bien ces courtes randonnées avec ce vénérable écrivain 

«Exister, c’est perdre petit à petit»

(Michel Torga)

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C’est à l’intérieur de la tête de Paul que l’auteur nous invite avec un humour très satirique, cynique, ironique, aux antipodes du politiquement correcte. Une écriture hors du commun, une plume intelligente, accaparante, amusante. Je glisse quelques brefs passages nous présentant nos deux acteurs.

 Paul, asocial, désœuvré, disjoncté, assassine son voisin trop bruyant : Aujourd’hui ce matin j’ai tué mon voisin, poignardé pour tout dire, fallait lui voir le massif facial quand je suis sorti de sa cuisine à ce gros lard, et je vous parle pas du reste de sa dépouille. Aujourd’hui ce matin j’ai tué le chien de mon ex-voisin poignardé lui aussi. J’ai en pitié de lui ça je peux pas dire le contraire, j’ai même pensé en faire mon animal de compagnie conformément au sixième commandement de la Torah samaritaine, « tout cabot adopteras dont maître auras assassiné.»

 Claudel, l’âme sœur, professeur de littérature, suivi par un psychanalyste depuis dix ans, une affaire de standing, enceinte. Claudel qui vous sonne c’est Claudel qui veut quelque chose : un objet, du temps, de la compréhension, un bol d’empathie à l’eau de rose, des conseils, vous faire chier,  mais quelque chose.

«Bon.  Je disais donc.  Putain j’ai perdu le fil, y a quelque chose que je voulais vous faire part de et je ne sais plus quoi, au fond c’est pas facile l’écriture, on a beau dire mais tous ces mots qui s’empilent, toutes ces virgules comme des grappes de fleurs dans ces tapis qu’au moindre faux pas on s’enfarge dans, tout ce sens qui s’épaissit tout, tout ce temps qui s’accumule.»

Un auteur à découvrir. Je laisse le mot de la fin au directeur littéraire François Couture de la maison d’édition Hurtubise: La collection « texture » se veut ainsi un espace entièrement consacré au plaisir du texte.  Friands de style, nous publions des auteurs dont la plume a du relief !

 

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 D’entrée de jeu la tention est là, palpable! Un père Jim, un fils Roy (13 ans), tous les deux sur une île, seuls en Alaska, isolés pour une année. Une idée du père, las de sa vie, de ses échecs personnels. Un défi, retrouvaille père-fils. Une année pour mieux se connaître, se retrouver!  Le jour c’est la survie, la nourriture, la préparation pour l’hiver qui s’en vient. La chasse, la pêche. La nuit c’est une autre histoire. Toutes les nuits, Jim, le père de Roy pleure. Il pleure toutes les larmes de son corps sur l’échec de sa vie personnelle. Il va jusqu’à confier à Roy des détails intimes de sa vie que Roy ne tient pas à connaître.  Le matin venu, plus rien n’y paraît, la vie poursuit son cours comme si la nuit n’avait pas existé.  De plus en plus Roy n’y arrive pas! Il voudrait partir, regrette d’être là avec ce père que par moment il ne reconnaît plus!  Car Jim est narcissique. Il n’est que centré sur lui-même, sur son univers, ses regrets, ses problèmes…  Roy n’est là que pour lui éviter d’être seul et complètement perdu.  L’insoutenable arrive comme on l’a senti dès le commencement, mais pas nécessairement par où on croyait qu’il allait venir! 

Une découverte? Assurément. Un roman fait de grands espaces, de nature omniprésente, puissante avec tous les risques que cela comporte, de solitude, de désespoir…On tourne les pages, on retient son souffle!!

Sukkwan island, David Vann, éd. Gallmeister, 2010, c2008, 191 p.

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Bonjour à tous! Un petit billet pour vous rappeler que le Prix des libraires 2011 bat son plein!  En effet, le marathon de lecture est commencé. 10 romans à lire. (5 romans étranger, 5 romans québécois).  Ne vous inquiétez pas, vous avez le temps puisque les gagnants ne seront dévoilés qu’en mai.

Pour repérer ces livres vous n’avez qu’à cliquer sur « Prix des libraires 2011 » dans la liste (Mots-clefs) à droite de la page du blog. Vous aurez ainsi accès à la liste des finalistes et aux résumés déjà concoctés de notre part. (Michel est beaucoup plus en avance que moi! mais j’y travaille!)  consulter les différents billets de cette rubriques, vous saurez tout!! Ensuite, si le coeur vous en dit envoyer nous vos commentaires! Il sera intéressant, comme les années précédentes de faire nos prédictions pour  connaître les gagnants!

Bonne lecture!!

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Des parents  divorcés, désorientés, Jesse, un adolescent désabusé de l’école, un garçon au naturel doux, fier, incapable de faire la moindre chose qui ne l’intéressait pas, peu importe combien les conséquences pouvaient l’angoisser. 

Le narrateur  paternel, devant ce fils décrocheur, le prend en charge et se questionne : qu’est-ce que je peux lui faire faire qui n’est pas une répétition de sa débâcle scolaire ? Il ne lit pas; il déteste les sports.  Qu’aime-t-il faire ? Il aime regarder les films.  Moi aussi j’aime regarder les films.  Je m’étais assez bien débrouillé en tant que critique de cinéma pour une émission de télé.

«Dorénavant la seule éducation que tu devras recevoir sera que tu regardes trois films par semaine avec moi.  C’est moi qui choisis.  C’est la seule éducation que tu vas recevoir.» Le transit vers l’âge adulte, les relations amoureuses, tumultueuses du jeune homme en cours d’apprentissage, se font avec les  Coppola, les Spielberg, les Woody Allen, les Fellini, les Truffaut, les Hitchcock, une relation très étroite entre un père et un fils en naîtra. « Nous avons parlé des années soixante( trop souvent, mais il me laissait faire), de boire mal, de boire bien, de ses copines, Adolf  Hitler, Dachau, Richard Nixon, l’infidélité, Truman Capote,  désert du Mojave, Suge Knight, le lesbianisme, la cocaïne, le look « héroïne chic », les Backstreet boys, les tatouages, Johnny Carson, le sarcasme, le body building, la longueur du zizi, les acteurs français.  »

 En flash-back, le narrateur aperçois son fils sous une marquise se rappelle dans une bouffée de nostalgie quasi douloureuse, « ces trois années que lui et moi avons passées, juste nous deux, à regarder les films, à parler sur la véranda, des heures magiques auxquelles un père a rarement droit, si tard dans la vie de son adolescent.  Une époque magnifique.  Un coup de chance pour nous deux.» 

Une autobiographie attendrissante, un propos très intimiste entre ce père cool et cet adolescent récalcitrant, une tranche de vie d’une expérience unique ayant  comme toile de fond tous ces chefs d’œuvres cinématographiques qu’on prend plaisir à visionner avec nos deux acteurs.

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